À bas ces neuromythes qui nous empêchent d’apprendre !

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Avant l’arrivée des neurosciences, nos savoirs en formation reposaient parfois sur des croyances ou des incompréhensions. Dans cet entretien, Aurélie Van Dijk fait avec nous un petit panorama de ces neuromythes pour les réduire – définitivement – au silence!

Sir Charles Bell, L'Anatomie du Cerveau[/caption] Pouvez-vous nous proposer une définition de ce que l’on appelle les neuromythes ? Avez-vous des exemples ? Un neuromythe correspond à une idée fausse ou à une croyance erronée sur le cerveau humain et son fonctionnement. A sa base, il y a un fait scientifiquement exact mais qui peut, pour toute sorte de raison, être ensuite exagéré ou déformé. Un neuromythe fait alors son apparition. Par exemple, « je suis cerveau gauche ou cerveau droit ». Certes, le cerveau est composé d’un hémisphère gauche et d’un hémisphère droit et chacun de ces hémisphères semble plus spécialisé dans certains domaines que dans d’autres. Cependant, ils sont reliés entre eux et de nombreux neurones ont leur noyau cellulaire dans un hémisphère et des prolongements dans l’autre. Ainsi, si une personne résout un problème de logique, tâche attribuée à l’activité de l’hémisphère gauche, les neurones de l’hémisphère droit pourront également être activés. Donc les deux hémisphères travailleront ensemble ! Pourquoi aborder ces neuromythes ? Pour que ces croyances erronées arrêtent de se propager ! Car certaines d’entre elles enferment et deviennent contre-productives. Là encore un exemple avec les profil d’apprentissage : « je suis auditive plutôt que visuelle ou kinesthésique »… une fois catégorisée, je vais avoir tendance à moins vouloir moins utiliser les autres sens, alors que solliciter plusieurs sens simultanément permet de mieux apprendre ! Deuxième exemple : « tout se joue avant l’âge de trois ans : alors pourquoi apprendre après ? » C’est démotivant ! Heureusement que ce n’est pas vrai ! Les participnts sont particulièrement curieux de ce qui se passe dans leur cerveau et notamment quand ils apprennent. Il est donc important de leur communiquer des informations actualisées qui encouragent leur apprentissage et accroît leur motivation ! Existe-t-il des neuromythes en science dure ? autour de la structure même du cerveau par exemple? Oui ! Trois viennent d’être réfutés par de récentes recherches scientifiques : l’un concerne l’âge optimal pour apprendre, l’autre l’organisation du cerveau et le dernier l’utilisation globale de cet organe. Chez le nouveau-né, le nombre de synapses est faible mais augmente de façon exponentielle après deux mois. Ensuite, il décline régulièrement jusqu’à l’âge de 10 ans et se stabilise. Parallèlement, nous pensions que le nombre de neurones déclinaient avec l’âge et ne se régénéraient pas. Cependant, des études ont montré que de nouveaux neurones apparaissent tout au long de la vie et leur nombre ne fluctue pas dans certaines régions du cerveau. L’apprentissage résulte de la création de synapses entre les neurones ou du renforcement ou de l’affaiblissement de connexions existantes. Il a donc été longtemps considéré que tout se jouait dans l’enfance pour apprendre. Certes, la capacité du cerveau à se remodeler (ou plasticité cérébrale) est plus intense chez l’enfant ce qui explique qu’il apprend très vite. Néanmoins, l’apprentissage est possible tout au long de la vie (bien que plus long) ! De plus, il permettrait de remédier à la démence sénile ! Un autre exemple : en 1969, le neurobiologiste McLean développe la théorie du cerveau triunique distinguant le cerveau dit reptilien, le cerveau limbique et le néocortex. Bien que le cerveau humain se décompose en trois parties interconnectées (le tronc cérébral, le système limbique et le cortex), cette organisation s’observe également chez tous les vertébrés dont les reptiles. Elle ne rend donc pas compte d’une évolution du cerveau humain en plusieurs phases au fil de l’apparition des espèces sur Terre. Cette théorie est rejetée aujourd’hui. Enfin, dernier neuromythe très répandu ! Il paraît que nous n’utilisons que 10% de notre cerveau. Le film Lucy de Luc Besson appuyait également cette croyance erronée. Aujourd’hui, les études en neurosciences montrent plutôt que notre cerveau est actif à 100% !  

Aurélie Vand Dijk, chef de projet pédagogique - CSP

L'article Pour en finir avec le "Je n'ai rien retenu de ma formation" paru dans Décideurs de février 2017 en PDF.

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Aurélie Van Dijk
Après une formation en neurosciences et en psychologie cognitive et une expérience de 7 ans au sein d’un laboratoire de recherche en psychologie, Aurélie est aujourd’hui chef de projet pédagogique chez CSP. Elle conçoit et anime des dispositifs de formation en intégrant les connaissances neuroscientifiques qu’elle a acquises dans le passé et qu’elle continue d’actualiser.

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