Trois points pour comprendre et savoir accueillir l’inévitable erreur

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L'entreprise n'est pas un process hors-sol. Parce qu'elle est profondément ancrée dans la vie elle doit faire face à des erreurs. Entre un déni officiel et une gestion officieuse, la place de cet impondérable reste à définir. Claire Roy, formatrice et experte chez CSP, résume en trois points les mécanismes de l'apprentissage pour mieux transcender l'erreur.

 

Pourquoi s’intéresser à l’erreur pour apprendre ?

Les personnes, qui font preuve de créativité et celles qui atteignent des objectifs, ont utilisé leurs erreurs pour progresser. Par la binarité essai-erreur, elles peuvent mieux se connaître et découvrir leur environnement. C’est en corrigeant ou ajustant, qu’elles atteignent plus facilement leur but. Ce mécanisme, nous l’éprouvons depuis l’enfance. Un enfant qui apprend à marcher ne fait pas autre chose que d’essayer, tomber… Son apprentissage s’enrichit de tentatives, de chutes, de reprises incessantes jusqu’à tenir debout parfaitement. Enfant ou adulte, les succès se construisent suivant ce schéma de développement. Dans le monde de l’entreprise, mais pas uniquement, la difficulté est d’admettre l’erreur d'un adulte avec la même bienveillance (ou quasi) que celle d’un enfant.

Les meilleurs révélateurs de l'erreur ? le corps, la tête, le cœur !

Il y a mille erreurs différentes ! On peut toutefois appeler « erreur », cet écart qui se crée entre ce que nous vivons et ce que nous souhaitons ou ce que nous voulons atteindre. Réussir à déceler cet écart est déjà un premier succès. Nous y réussissons en nous écoutant nous-même. En écoutant notre corps, notre cœur et notre tête. Notre corps détecte et qualifie des erreurs. Par exemple : j’ai mal d’être ainsi assis ou je touche une surface trop chaude. Instinctivement, le corps rectifie sa position pour un meilleur équilibre et ma main se retire du feu. Le cœur nous signifie ce qui est important, ce qui a de la valeur pour nous. Il nous signale ce que nous aimons en se manifestant dans nos envies et motivations. Ce sont les références à l’aune desquelles nous détectons des écarts. Si ce dernier est important – comme exercer un métier qui ne nous correspond pas – nous ressentons un mal-être plus ou moins aigu. Ces sensations variant selon les cultures et les individus, ces élans affectifs paraissent moins uniformes que les manifestations corporelles. Avec notre tête, nous nous représentons les choses, nous réfléchissons et prenons en compte les feedbacks de nos pairs. Nous pouvons identifier si notre résultat correspond à ce que nous attendions. S'il ne correspond pas, nous corrigeons ou parfois nous trouvons une utilisation créative d'un résultat inattendu. Ce système corps-cœur-tête est optimal pour accueillir, analyser et dépasser l’erreur… Au quotidien, nous filtrons ce que nous retenons. Nous changeons notre comportement pour obtenir ce que nous voulons…

Les cinq facteurs favorables pour apprendre de ses erreurs en entreprise

Quand un adulte pointe l’erreur d’un enfant avec des signes d’irritation, que se passe-t-il ? L’enfant capte cette émotion. Il en déduit inconsciemment : « je suis quelqu’un qui irrite cet adulte ». Si ces situations se répètent, il peut se juger globalement inadéquat puis vouloir éviter les situations à risque même une fois adulte. Les apprentissages en seront limités. A contrario, si l’erreur est montrée avec bienveillance, la tendance à oser pour apprendre de ses erreurs se renforce : « tu es une personne de valeur, tu peux faire quelque chose, comprendre, corriger ou développer ta créativité ». L'apprentissage est meilleur si le feedback est précis et rapproché. Un adulte peut s’auto-accompagner, chercher le retour lui-même ou en interrogeant ses pairs et piloter ses émotions pour apprendre de ses erreurs. Par exemple, face à ses collègues, un formateur fait une erreur de liaison à l’oral. Il dit « quels sont les cinq zéléments… ». L’assemblée s’esclaffe gentiment. Le présentateur marque un temps de confusion émotionnelle car il n’a pas repéré l’erreur, le feedback n’étant pas assez précis. Fort d’une bonne estime de soi, il poursuit, puis prend soin d’interroger quelques-uns, pour finalement s’esclaffer lui-même et sans doute ne plus reproduire cette erreur. La flexibilité est un autre facteur favorable. Face à une erreur, une personne essaye quelque chose de nouveau (méthode, comportement) dans le même but, ou envisage un nouvel objectif valorisant le résultat produit. « Je n’ai pas obtenu ce que j’attendais : soit je change pour le produire, soit je découvre que ce que j’attendais m’intéresse moins que ce que j’ai obtenu (découverte fortuite). Dans les deux cas, je change donc j’apprends ». L’entraînement, la répétition de la correction ou de la découverte sont indispensables pour ancrer l’apprentissage. La répétition amène l’apprentissage à un niveau profond de notre mémoire (comme apprendre à conduire ou faire du vélo). Enfin la mémoire ! Elle joue un rôle crucial : se souvenir des erreurs et surtout des corrections ou découvertes, les garder en mémoire interne, externe (sur divers supports) et pouvoir transmettre, favoriser les apprentissages et le développement collectifs. C’est l’histoire en cours de nos sociétés.

 

Claire Roy - CSP

Claire Roy, Consultante-formatrice, Experte en Efficacité professionnelle et Développement personnel Ingénieur (IEG), Maître Praticien en PNL - formations avec Performance Partnership et Robert Dilts, Claire Roy intervient en tant que formatrice, consultante et coach.

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Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises françaises cherchent à infléchir des pratiques managériales trop culpabilisantes pour laisser s’exprimer « l’initiative », « la créativité » de chacun. Mais ce n'est pas si simple sur le terrain. Alex Febo s'exprime à ce sujet dans l'article Sans estime, le droit à l’erreur est une double-contrainte Cet article est issu du Cahier CSP - Apprendre par l'erreur, un recueil des articles de nos experts !

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