Relations professionnelles positives : inspirons-nous des relations de couples durables !

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En ce jour de Saint-Valentin, tous nos sens sont en éveil… Malgré la publication de divers sondages sur le sujet [1], cet article ne concerne pas l’entreprise envisagée comme lieu privilégié de rencontres amoureuses ! Nous allons explorer le vaste champ des relations humaines : les ingrédients clés des relations de couples durables peuvent-ils nourrir des relations professionnelles de qualité ? Si Cupidon manque parfois sa cible, des relations professionnelles positives sont toujours source de progression.

 

Les relations professionnelles et personnelles fondent l’être humain

Comme le montrent les neurosciences, le lien à autrui est crucial en termes d’apprentissage et de développement. Mais comment naît la capacité à être en relation ? Deux forces de base, contradictoires, se rencontrent :

  • Le besoin d’être ensemble – nous souhaitons être connectés aux autres, quitte à accepter parfois une certaine dépendance.
  • L’individualité – qui conduit une personne à avoir ses propres occupations et à se séparer pour être distincte, indépendante.

La différenciation permet de concilier ces deux forces (ou non, parfois), modelant nos types de relations. Élaborée dès la petite enfance, la théorie de l’attachement [2] en est constitutive ; elle définit l’instinct qui conduit un bébé à rechercher sa figure d’attachement – sa mère le plus souvent – comme un instinct de protection satisfaisant un besoin de sécurité via la relation à autrui. Selon le type de « réponse » apporté par la figure d’attachement à cette période, le système relationnel ultérieur sera basé sur la sécurité et l’autonomie, ou sur l’ambivalence et l’anxiété, ou encore sur l’évitement. Toutefois, la plasticité neuronale peut faire évoluer ces schémas d’origine ! Développer des relations professionnelles et personnelles positives est à la portée de tous.  

 

On s’aime et ça dure : voilà le secret des couples heureux

Selon le psychologue Robert Sternberg, nous construisons tous une histoire autour de l’amour en fonction des expériences et interactions que nous vivons. Dans le cas de relations de couple durables, les histoires des deux partenaires se font écho. Il existe par ailleurs une « triangulation » de l’amour [3] via ses trois composantes : la passion (désir et besoin d’être avec l’autre, excitation sexuelle), l’intimité (communication, empathie, proximité), l’engagement (projection à long terme dans la relation, loyauté). La relation amoureuse sera solide lorsque les trois s’équilibrent. Sur la base des travaux d’un autre psychologue, John Gottman, le Dr Ilona Boniwell [4] partage les ingrédients clés qui définissent les couples heureux.

  • Leur relation est fondée sur l’affection et l’amitié, avec une tendresse et une estime de soi réciproques.

Les mots doux échangés régulièrement fortifient la relation amoureuse.

  • Ils sont en mesure de résoudre la majorité de leurs désaccords :

-> par le dialogue ; -> la reconnaissance de leurs torts respectifs ; -> la capacité à tenir compte d’une opinion contradictoire et à trouver des terrains d’entente. La connaissance des quatre « chevaliers de l’Apocalypse » – critique, attitude défensive, retrait, mépris – est un plus à cet égard. Les partenaires s’en libèrent en « recevant » les émotions de l’autre sans agressivité (ce ne sont pas des attaques personnelles) et en exprimant leurs propres besoins au lieu de les manifester par des jugements de l’autre.

  • Leur relation comporte un ratio de cinq interactions positives pour une, négative – cinq compliments pour une critique par exemple.

Est-ce un hasard ? Dans les équipes très performantes, les relations se caractérisent également par un ratio de positivité de 5 pour 1 (étude de Fredrickson & Losada en 2005).

 

Inspirons-nous des relations de couples durables pour rendre nos relations professionnelles positives

Divers travaux en témoignent (dont le rapport GollacMesurer les facteurs psychosociaux de risques au travail pour les maîtriser, en 2011) : la qualité des relations professionnelles est la première « contributrice » au bien-être au travail. Et ce bien-être impacte à son tour favorablement la productivité des équipes. Dans toute structure collective, la qualité relationnelle s’évalue en fonction :

  • Du nombre de nos contacts réguliers et de leur fréquence ;
  • De la nature des interactions sociales (feedback, évaluation, prospection…) ;
  • Du respect présidant à ces relations (cela contribue davantage du bien-être que le statut socio-économique).
  • De leur caractère de proximité (pouvoir se confier par exemple).

Cette évaluation fait ressortir le caractère plus ou moins satisfaisant de nos relations professionnelles. Comment les développer sous l’aune de la positivité ? Trois axes sont à explorer :

  • Le premier concerne la manière d’aborder une relation, surtout lorsqu’elle ne va pas de soi ;

Cela commence par un « retour » objectif sur ce qui pose problème avec l’autre : nous a-t-il mis en difficulté ?  Est-ce le fait qu’il fonctionne différemment de nous qui nous perturbe ? Puis on recentre la relation sur du positif : quelles sont ses qualités indéniables ? Comment pourrait-on en bénéficier ? N’a-t-on pas intérêt à se libérer de « l’obsession » du désaccord qui nous oppose ?

  • Le deuxième est lié au dialogue à établir en permanence, ce qui inclut :

-> la pratique de l’écoute active, en cherchant à entendre ce que l’autre dit réellement (et donc en questionnant si l’on a un doute puis en reformulant) ; -> la capacité à aborder les sujets délicats, à faire preuve d’assertivité [5] ;

  • Le troisième est lié aux témoignages de gratitude et de reconnaissance.

Les relations professionnelles comme les relations amoureuses se renforcent grâce aux réserves de positivité qu’effectuent les partenaires. Exprimer de la  gratitude, reconnaître les qualités et les mérites, ou recevoir ces signaux, dope le bien-être, l’enthousiasme, la confiance en soi.  

 

Sous l’angle managérial : deux exemples d’initiatives positives

La première est simple à mettre en œuvre, pour des bénéfices importants ne nécessitant pas d’être pilotés. Inviter les collaborateurs à déjeuner, une fois par mois par exemple, va encourager ces derniers à « donner du temps » à leurs relations interpersonnelles. La seconde consiste à établir une Charte de Convivialité pour inscrire les relations dans un cadre sécurisant et inspirant. L’impact de cette charte devra être évalué au fur et à mesure et les relations managériales et interpersonnelles, questionnées, de façon anonyme et ludique si possible pour donner envie aux collaborateurs d’y participer.   Comprendre et enrichir notre lien à autrui s’avère déterminant en termes de bien-être au travail et de productivité. Si chacun de nous a intérêt à développer des relations professionnelles positives, l’entreprise a aussi tout à y gagner : cela optimise la performance de ses équipes tout en facilitant son attractivité et la rétention des talents. Le cœur, dans le sens des émotions, a sa place dans le champ professionnel.  

[1] Exemple de sondage récent : celui du cabinet d’experts-comptables en ligne wity.fr, réalisé auprès de 15 100 personnes. 71 % des femmes et 76 % des hommes considèrent que leur lieu de travail est un endroit parfait pour trouver l’amour. Néanmoins, 73 % des personnes interrogées déclarent ne pas célébrer la fête des amoureux au travail.
[2] Le psychologue anglais John Bowlby est le père de la théorie de l’attachement.
[3] Robert Sternberg est également à l’origine de la théorie triangulaire de l’amour.
[4] Docteur en psychologie, Ilona Boniwell dirige le cabinet Positran (psychologie de la transformation positive).
Il existe en tout sept caractéristiques des couples heureux selon John Gottman.
[5] Il s’agit de s’affirmer sans agressivité, en osant être soi-même, en se montrant constructif et en témoignant de la confiance à ses interlocuteurs.

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