Tout savoir sur les soft skills : vos questions nos réponses !

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Le 17 janvier 2018, l’organisme de formation CSP DOCENDI a proposé un webinar consacré aux soft skills. Directrice pédagogique et développement, j’ai répondu aux questions des professionnels RH sur la nature des compétences socio-émotionnelles, leur rôle dans l’entreprise à l’ère digitale et la manière de les développer. Avec, à la clé, 800 inscrits [1] et un record absolu de participation pour ce type de rendez-vous !

Pour explorer ces « nouveaux savoirs », revenons sur les principales interrogations des internautes. Première étape : définir les soft skills et comprendre leur montée en puissance dans le champ professionnel.

 

Stanislas P. : soft skills et savoir-être sont-ils synonymes ?

Dans le terme « soft skills », il y a la notion de compétence. Or celle-ci mérite déjà d’être définie ! Au-delà de « l’addition de savoirs, savoir-faire et savoir-être », Guy Le Boterf [2], Directeur de Le Boterf Conseil, développe une approche intéressante de la compétence professionnelle.

  • Il s’agit d’une capacité d’action qui s’exerce de façon dynamique, en situation de travail.
  • Ce savoir-agir et interagir combine « des ressources internes (connaissances, habiletés, capacités cognitives, savoir-faire relationnels et méthodologiques, ressources émotionnelles…) et externes (savoirs capitalisés, logiciels…)» pour atteindre des objectifs.
  • Elle dépasse la notion de qualification.

Dès lors, qu’en est-il des soft skills ? Mobilisables dans diverses activités ou situations, on qualifie ces compétences de « transverses » car elles ne sont pas caractéristiques d’un métier, tout en étant essentielles. Et elles mettent bien en jeu des savoirs et savoir-faire.  

Josselin M. : est-il vraiment possible de se former aux qualités humaines ?

Prenons l’exemple de l’empathie, que l’on peut considérer comme une qualité « naturelle ». Pour la développer, l’acquisition de connaissances sur le fonctionnement du cerveau et le rôle des neurones-miroirs – qui permettent l’empathie – est intéressante. Va-t-on pour autant en faire preuve en situation professionnelle ? Progresser et développer savoir-faire et savoir-être nécessite la mise en oeuvre d’actions comme :

  • L’identification des blocages éventuels dans les situations professionnelles ;
  • L’entraînement, avec des méthodologies simples (sur le questionnement et la reformulation par exemple).

C’est ce que l’on propose par exemple dans la formation CSP DOCENDI Ecoute active. Les soft skills vont au-delà des qualités personnelles car ce sont également des compétences acquises par l’expérience. Elles sont à distinguer :

  • de la culture générale ;
  • de la maîtrise des codes sociaux ou du vivre-ensemble en société ;
  • d’une capacité à appréhender la dimension interculturelle, même si cela permet de mieux travailler en équipe.

 

Katina L. : quelle est la différence avec l'intelligence émotionnelle ?

Sur son blog, CSP DOCENDI « définit » les soft skills comme les compétences humaines, émotionnelles et cognitives. L’on peut considérer l’intelligence émotionnelle comme un « prérequis » permettant d’actionner toutes les autres soft skills. L’ouvrage Le Réflexe Soft Skills montre qu’il est déterminant de comprendre ce qui se joue :

  • au niveau de nos pensées,
  • au niveau de nos propres émotions et de celles des autres,
  • dans notre environnement et en fonction des situations,
  • et de prendre conscience de nos softskills.

Pourquoi insister sur les émotions ? Elles nous tiennent à cœur car la prise de décision est avant tout mue par l’intelligence émotionnelle, comme le démontrent les neurosciences. D’autre part, en 2005, une étude de Fredrickson & Losada a analysé la nature des relations des équipes hautement performantes en termes de positivité (support, encouragement, appréciation) et de négativité (désapprobation, sarcasme, cynisme) : le ratio de positivité y est de 5 pour 1. Comme les émotions négatives sont plus « lourdes » que les émotions positives, si ces dernières prédominent, l’équilibre émotionnel créé constituera un levier de performance. La coopération bienveillante et enthousiaste, les signes d’écoute et d’optimisme, sont cruciaux pour remplir son propre réservoir d’émotions positives … et alimenter celui des autres. À partir des émotions de base – la joie, la colère, la tristesse, la peur –, il est possible de « tricoter » un environnement de travail favorable. Or, d’après la plus longue étude sur le bonheur entamée en 1938, les bonnes relations permettent de vivre plus heureux et en bonne santé.  

Lilia G. : les soft skills ont-elles à voir avec la psycohlogie ?

La psychologie entre effectivement dans le champ de l’analyse et du diagnostic des soft skills. Chez Renault par exemple, avec la révolution technologique, des personnalités adaptables et réactives sont requises pour les postes décisionnaires. Les profils recherchés sont désormais définis par rapport à ces soft skills. Des tests psychotechniques comme celui de la pensée critique (évaluation du jugement analytique ou de la capacité à raisonner de manière objective), sont utilisés. Pour les candidats, l’intérêt est d’enrichir leur propre apprentissage grâce aux débriefings organisés à l’issue des tests. Globalement, l’idée est de désamorcer les échecs de recrutement : selon une étude You Trust, 67 à 85 % de ces échecs sont attribués principalement au manque d’ouverture d’esprit et d’intelligence émotionnelle.  

Henri T. : avec les soft skills, parle-t-on de développement personnel ?

Il est impossible de couper les gens en deux : le développement personnel nourrit le développement professionnel et réciproquement. Prendre soin du capital humain et le valoriser fait la différence à l’ère digitale car tous les collaborateurs disposent potentiellement des mêmes outils et informations. Construire une richesse supplémentaire dépend de la façon de les utiliser et la traiter, de la créativité mise en œuvre, de la capacité à interagir ensemble, etc.  

Nicole D. : les soft skills sont-elles la base de la QVT (Qualité de Vie au Travail) ?

Dans un article récent sur l’enseignement des soft skills dans les écoles de management (en plein développement), le psychiatre Jacques-Antoine Malarewicz insiste sur la souffrance au travail face à « la technologie toute-puissante ». Selon lui, le curseur doit être mis sur la communication interhumaine et la coopération. Les soft skills prennent une importance cruciale avec la révolution technologique.

  • Du point de vue des entreprises, elles permettent aux collaborateurs d’interagir les uns avec les autres et de générer davantage de solutions ou de productivité. Ceci dans le cadre de l’évolution des organisations qui deviennent de plus en plus horizontales et collaboratives.
  • Au niveau personnel, elles facilitent l’adaptation aux mutations technologiques et l’évolution professionnelle, qu’il s’agisse de mobilité ou de reconversion.

À cet égard, les soft skills sont partie prenante de l’amélioration de la QVT. Elles permettent de trouver sa place et sa valeur dans des environnements de travail en pleine transformation.  

Valérie L. : l'écart n'est-il pas conséquent entre les préconisations que l'on peut lire ici ou là et la mise en oeuvre sur le lieu de travail ?

Certes, toutes les organisations n’ont pas encore engagé une « démarche soft skills ». Certaines les ont déjà intégrées dans leurs feedbacks ou entretiens d’évaluation, voire dans leurs modèles de rémunération ! Les autres peuvent ne pas savoir comment s’y prendre. D’où l’intérêt de former les managers en amont – dès leur formation initiale – et de faciliter l’accès régulier des collaborateurs à des formations efficientes en matière de soft skills.   Prochainement, le second volet de Tout savoir sur les soft skills ! Avec nos réponses aux questions : quel est le lien entre culture d’entreprise et soft skills ? Comment constituer un référentiel de soft skills pour les entreprises ? Quelles stratégies pédagogiques mettre en œuvre pour les développer ? Entre autres.

 [1] Nombre d’internautes ayant suivi le webinar en direct ou s’étant inscrits pour le visionner sur la chaîne Parlons RH de Webikeo.

[2] Directeur de Le Boterf Conseil, Guy Le Boterf est le créateur de l’approche compétence « savoir agir et interagir en situation professionnelle ». Auteur de nombreux ouvrages professionnels, il est professeur à l’université de Sherbrooke (Canada). On peut notamment découvrir sa réflexion sur les compétences dans l’ouvrage Apprendre pour demain d’Yves Barou et d’un collectif AFPA.    

 

Anne Ambrosini

Directrice Production et Innovation pédagogique de CSP DOCENDI, Anne Ambrosini y déploie son expertise en matière de stratégie pédagogique, dispositifs blended et innovation. Sa mission ? Proposer la meilleure formule de développement des soft skills, à destination du plus grand nombre. Animée d’une conviction – le développement d’un environnement personnel d’apprentissage et l’accompagnement transforment individus et équipes en « serial learners », pour atteindre les objectifs visés -, elle s’attache à co-construire le design des dispositifs avec les experts, clients et pédagogues.

 

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