L'évaluation des soft skills, un défi et une nécessité à votre portée

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Devenues incontournables dans la plupart des stratégies de recrutement ou de mobilité interne, les compétences humaines, émotionnelles et cognitives doivent pouvoir être mesurées de façon objective par les entreprises. Si la dynamique d’évaluation des soft skills s’avère encore balbutiante, il existe pourtant des techniques et méthodes à mobiliser, en fonction de votre contexte et de vos objectifs. Comment procéder ? Tour d’horizon et conseils.

 

1 – Pourquoi l'évaluation des soft skills doit monter en puissance dans les organisations ?

Selon une une étude Monster sur l’importance des soft skills, plus de 8 entreprises sur 10 les prennent en compte dans leurs démarches RH. L’enquête révèle plusieurs résultats intéressants :

  • 97 % des organisations considèrent en effet que l’évaluation des soft skills a pleinement sa place lors d’un entretien de recrutement ;
  • Pour 52 % des entreprises, compétences techniques et comportementales interviennent de façon complémentaire dans une décision d’embauche ;
  • 45 % des professionnels RH intègrent les soft skills dans les critères de l’entretien annuel.

Ce plébiscite des soft skills – et de leur évaluation – révèle un changement de cap des cultures managériales. Dans un environnement qui accélère et évolue en continu, la performance d’un collaborateur ne se résume plus à des données chiffrées. Elle englobe désormais les compétences humaines, émotionnelles et cognitives telles que l’adaptabilité professionnelle, la capacité à collaborer ou à apprendre à apprendre, la créativité – entre autres. Néanmoins, plusieurs problèmes restent posés : 1) il n’existe aucune définition unanimement acceptée des soft skills ni de leur périmètre  2) le large éventail d’outils d’évaluation à disposition sur le marché peut désorienter les organisations désireuses de se lancer (360°, auto-évaluation, tests psychométriques…).  

2 – L’assessment center, solution idéale pour mesurer les compétences humaines, émotionnelles et cognitives ?

Pour repérer les soft skills, vous vous basez peut-être en premier lieu sur l’entretien de recrutement – comme une grande majorité d’entreprises (étude Monster). Parvient-on alors à faire preuve d’objectivité ? On se situe en effet davantage dans le champ du feeling interpersonnel que d’une mise en lumière rigoureuse… De ce fait, bien que convaincues de l’impact des soft skills sur l’efficacité individuelle et collective, de nombreuses organisations laissent leurs aspirations d’évaluation au stade de projet. Il existe pourtant un ensemble de ressources ayant fait ses preuves : l’Assessment Center, ou centre d’évaluation. Plusieurs techniques sont ici mobilisées. Comme le rappelle Biljana Zaric (HR Consultancy Partners), la fiabilité prédictive de la réussite d’un candidat à un poste atteint 63 % quand on combine l’observation des comportements et une multi-évaluation faite de mises en situation, d’entretiens structurés et de questionnaires ou tests professionnels. Une fiabilité prédictive qui tombe à 30 % pour les seuls entretiens structurés, 15 % pour les entretiens informels et 10 % seulement pour les CV. On distingue trois types de tests :

  • les tests individuels – « in-basket », « stress »….
  • Les tests en binôme – situations conflictuelles, de débat…
  • Les tests collectifs – travaux de groupe, jeux de rôles…

Sachant que ces tests psychométriques, d’une grande fiabilité car reposant sur une méthodologie rigoureuse et éprouvée [1], donnent avant tout des résultats en termes de personnalité. Or les soft skills sont bien des compétences ! Et le fait de se positionner lors d’un test à un haut niveau d’extraversion par exemple, ne signifie pas que le candidat ou collaborateur ne dispose pas en parallèle d’une grande qualité d’écoute. D’où l’intérêt du centre d’évaluation, qui s’appuie également sur d’autres méthodes. Attention toutefois : cette solution, très efficace, nécessite du temps et des moyens.  

3 – L’évaluation de la dynamique comportementale, une pproche qui mesure l'expression des soft skills en situtation

Pour Nicolas Morel, président de Monkey tie [2], l’évaluation des soft skills est utile aussi bien en phase de recrutement que dans des scénarios d’aide à la mobilité interne, ou encore pour du conseil en repositionnement professionnel. « L’objectif est, certes, d’aider les collaborateurs à identifier et évaluer leurs soft skills. Mais cela doit leur permettre de les développer, dans un second temps ». Monkey tie s’est donc associé à l’Institut de Neuro-Cognitivisme pour concevoir un questionnaire d’évaluation de la dynamique comportementale [3] – qui intègre des soft skills, et en particulier la manière dont elles s’expriment en fonction :

  • De la situation : stress ou confort, présence d’irritants ;
  • Du contexte organisationnel, comme la culture managériale ;
  • Des facteurs de motivation profonds – inconditionnels et durables (sources de plaisir et de performance), ou au contraire conditionnels (sensibles au résultat et à la reconnaissance).

« Les soft skills s’expriment d’autant plus facilement et efficacement lorsque les facteurs de motivation profonds sont en phase avec vos objectifs, précise Nicolas Morel ». Car la confiance en soi et envers les autres, ou encore la capacité d’adaptation à une situation nouvelle et inconnue, ne reposent pas uniquement sur le « niveau de maîtrise » intrinsèque de ces compétences. « Leur pleine expression dépend d’interactions avec d’autres facteurs. » D’ailleurs, le questionnaire d’évaluation de la dynamique comportementale ne fournit pas de résultats exprimés en « notes », mais en « plus ou moins de » (un niveau de confiance en soi plus ou moins élevé dans telle ou telle situation professionnelle).  

4 – Des appréhensions à prendre en compte pour un développement cohérent de l'évaluation des soft skills

Si les compétences humaines, émotionnelles et cognitives ont le vent en poupe chez les recruteurs notamment, l’enthousiasme est bien moins marqué chez les collaborateurs. Une étude réalisée en février2020 par OpinionWay pour Dropbox met en avant les interrogations, voire la méfiance que leur mesure suscite.

  • 67 % des collaborateurs interrogés estiment en effet qu’une évaluation fondée sur les soft skills serait arbitraire ;
  • 62 % assimilent la prise en compte de ce type de compétences à une pression supplémentaire, voire à un obstacle à leur évolution de carrière (45 %).

Les DRH doivent donc relever le défi de l’adhésion. Faites preuve de pédagogie en communiquant sur les méthodes d’évaluation utilisées, afin d’aller dans ce sens. Mettez également en lumière l’importance des soft skills tout au long des parcours professionnels. Si vous êtes managers, attachez-vous à observer les soft skills de vos collaborateurs, en action et sur le long terme. Vous pourrez ainsi déterminer d’éventuels besoins de formation ou d’accompagnement pour vos équipes. Et n’hésitez pas à solliciter vous-mêmes une formation, si nécessaire !   Développer l’évaluation des soft skills dans les organisations constitue désormais une priorité. Veillez toutefois « à inscrire le recours à des outils d’évaluation des soft skills dans le cadre d’un dialogue entre le collaborateur et son référent RH et/ou manager, ou encore entre candidat et recruteur ». L’objectif étant de dessiner un projet professionnel le plus affiné possible, tout en identifiant les risques et opportunités de celui-ci. Une approche « gagnant-gagnant », pour les individus et les organisations !  

[1] Les tests psychométriques sont élaborés dans une perspective d’expérience scientifique : définition d’un contexte et de comportements-types au sein de celui-ci ; panel d’individus mis en situation ; mesure de leurs comportements. Un étalon est ainsi obtenu. De nouvelles mesures ont ensuite lieu, avec d’autres panels. Le « modèle » auquel on aboutit sera réévalué au fil du temps en fonction des évolutions sociétales notamment.
[2] Nicolas Morel a fondé You-Trust, spécialiste de l’évaluation et de la recommandation des candidats sur la base des soft skills. Fin 2018, You-Trust a racheté la société Monkey tie, experte de la mobilité interne et du recrutement grâce à sa solution de matching affinitaire. La société se développe désormais sous la marque Monkey tie.
[3] Un questionnaire de 30 minutes, qui comporte 86 questions. 75 dimensions sont ainsi analysées.

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